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« Pas en leur nom » : la mise à l’honneur de Ken Loach fait polémique en Belgique

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Ken Loach interviewé par la BBC lors du congrès annuel du Labour (26 septembre 2017 – capture d’écran)

L’Université libre de Bruxelles (ULB) a fait connaître son intention de distinguer huit personnalités, le 26 avril prochain, en leur remettant les prestigieux insignes de « docteur honoris causa ». Parmi elles, le cinéaste britannique Ken Loach, dont les prises de position concernant l’histoire de la Seconde Guerre mondiale et la réalité de l’antisémitisme ont plusieurs fois fait polémique outre-Manche, la dernière en date remontant à l’automne 2017.

Dans un communiqué publié lundi 9 avril sur le site du Centre Communautaire Laïc Juif de Belgique (CCLJ), un « Collectif Ken Loach docteur honoris causa – not in our name » appelle l’ULB à renoncer à remettre cette distinction au réalisateur de Moi, Daniel Blake (Palme d’or du Festival de Cannes 2016) qui milite de longue date au sein de la gauche anticapitaliste et soutient le boycott culturel et universitaire d’Israël. Le Collectif rappelle notamment que Loach avait mis en scène à la fin des années 1980 une pièce de théâtre défendant « l’idée complotiste », diffusée par la propagande stalinienne, d’une collusion entre le IIIème Reich et les dirigeants sionistes.

Se réclamant du soutien de plus de 400 anciens étudiants de l’ULB, le Collectif Ken Loach docteur honoris causa – not in our name réunit le Comité de Coordination des Organisations Juives de Belgique (CCOJB) ainsi que plusieurs associations juives (le CCLJ, Continuité des anciens résistants juifs de Belgique, L’Enfant caché, l’Union des déportés juifs de Belgique – Filles et fils de la déportation et l’Union des Etudiants Juifs de Belgique) qui avaient reproché la semaine dernière au cinéaste son incapacité à « dénoncer l’antisémitisme et le négationnisme lorsqu’ils s’expriment au sein même de sa famille politique » :

« Alors que des incidents antisémites se multiplient au sein du Parti travailliste britannique depuis qu’il est dirigé par Jeremy Corbyn, Ken Loach se range systématiquement du côté des militants travaillistes aux idées ouvertement antisémites et conspirationnistes, tout en affirmant qu’il n’a jamais entendu ni lu le moindre propos antisémite de leur part ».

En réponse, l’ULB entendait justifier son choix en raison de l’« œuvre militante [de Ken Loach] relative aux conflits sociaux et la lutte pour le droit des travailleurs ou des immigrés clandestins ». L’université précisait qu’elle ne voyait « aucun élément de son parcours qui permettrait d’étayer des accusations d’antisémitisme ou de révisionnisme » (sic).

Dans un réquisitoire détaillé, le Collectif s’inscrit en faux contre cette affirmation pour souligner dans une démonstration en trois points que le cinéaste s’est rendu coupable :

  • de réécriture de l’histoire de la Shoah, en présentant en particulier « l’affaire Kasztner » comme emblématique d’une prétendue « collaboration sioniste » avec les nazis en vue de faciliter la création d’un Etat juif en Palestine ;
  • de négationnisme larvé, en affirmant au cours d’une interview à la BBC que « la Shoah est un fait historique qui mérite d’être débattu » (Ken Loach est par la suite revenu sur cette déclaration suite à la tempête médiatique provoquée par ses propos tenus fin septembre 2017) ;
  • de relativisation du problème d’antisémitisme qui traverse le Labour, en niant contre toute évidence les nombreux dérapages constatés au cours des derniers mois au sein du parti de Jeremy Corbyn.

« Les éléments sont sur la table, conclut le communiqué : il appartient à chacun de juger si Ken Loach mérite de recevoir la plus belle distinction que l’Université Libre de Bruxelles décerne aux hommes et aux femmes qui représentent le meilleur de notre société ».

Outre le réalisateur britannique et quatre scientifiques moins connus du grand public « choisis par les facultés », les récipiendaires des autres doctorats honorifiques qui seront remis par l’ULB le 26 avril sont l’ancienne ministre française Christiane Taubira, le psychothérapeute Siegi Hirsch et l’économiste et politologue turc Ahmet Insel.

 

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