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Syrie, pseudo-expertise, relents antisémites… : l’essentiel de la semaine

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Des gros titres aux petites infos passées inaperçues : ce qu’il fallait retenir de l’actualité des derniers jours en matière de conspirationnisme et de négationnisme.

« MISE EN SCÈNE ». Le 13 avril 2018, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov a dénoncé l’implication des « services spéciaux d’un État » dans la « mise en scène » de l’attaque chimique présumée en Syrie du 7 avril dernier, à Douma. La Grande-Bretagne a même été nommément désignée par l’armée russe. La thèse complotiste faisant des Occidentaux les coupables et pointant la compromission des « Casques blancs » a été diffusée par les relais habituels du gouvernement russe, dont Sputnik France (source : L’Obs, 13 avril 2018). Une vidéo montrant des enfants syriens faisant semblant de suffoquer et de s’évanouir a notamment été relayée sur les réseaux sociaux par les pro-Assad depuis le 7 avril. La vidéo originale date en fait de 2013 et consistait en un exercice de simulation visant à alerter sur les conséquences des attaques chimiques (source : Les Observateurs (France 24), 11 avril 2018). D’autres images détournées ont circulé, provenant directement du tournage d’un film dont la réalisation a été soutenue par le ministère de la Culture syrien (source : AFP, 17 avril 2018). Pour une vue d’ensemble sur l’usage avéré et répété de la désinformation conspirationniste par les diplomaties russe et syrienne, on se reportera à la synthèse publiée par Conspiracy Watch.

AUSTRALIE. La théorie selon laquelle l’Australie n’aurait jamais existé est apparue début 2017, sur le site Reddit. Elle défend l’idée que ce pays serait une pure invention des Britanniques, qui leur aurait permis d’éliminer des centaines de prisonniers en soutenant les avoir envoyés dans un pays à l’autre du bout du monde (source : Slate, 16 avril 2018).

ROTHSCHILD. Le 14 avril, au lendemain des frappes de la coalition franco-britannico-américaine en Syrie, Bernard Langlois, cofondateur du magazine Politis, a tweeté un message faisant la part belle aux clichés antisémites (ci-contre). Il y recyclait le vieux cocktail Rothschild-finance internationale comme moteur des opérations militaires (source : The Times of Israel, 16 avril 2018). Il faut se souvenir que Langlois estimait en 2012 que la thèse conspirationniste de Thierry Meyssan sur les attentats du 11-Septembre tenait « plutôt bien la route ».

« EXPERTS ». Alors qu’Emmanuel Todd a pu expliquer sur France Culture, le 14 avril 2018 au matin, qu’il avait« dû aller sur le site de Russia Today France, le truc russe, pour comprendre à peu près ce qu’il se passait en Syrie », le journaliste Oliver Kamm du Times évoquait dans un thread sur Twitter, le 17 avril, les états de service de Jim Jatras, archétype des pseudos-experts pullulant sur cette chaîne de télévision appartenant au gouvernement russe. Jatras avait déjà pu briller par son incompétence notoire et sans scrupule au procès de Slobodan Milosevic, comme témoin de la défense. Il intervient aujourd’hui sur la chaîne russe en tant qu’expert des affaires internationales, relayant les fake news et défendant les intérêts russes.

DÉSINFORMATION. Bahar Kimyongür, qui se présente sur Twitter comme journaliste, suggère sur les réseaux sociaux que les frappes occidentales en Syrie ont en fait visé des cibles n’ayant rien à voir avec le développement d’armes chimiques. On lira sur Conspiracy Watch l’analyse d’un de ses tweets extrapolant à partir d’un article de CBS News.

ASSEMBLÉE NATIONALE. Les attaques chimiques en Syrie ont été mises en doute par diverses personnalités politiques. À la tribune de l’Assemblée nationale, le 16 avril 2018, José Evrard, ex-militant communiste, ancien adhérent du Front national qui a rejoint le parti de Florian Philippot (Les Patriotes), a affirmé que les preuves de l’usage d’armes chimiques par l’armée syrienne « n’existent pas ». Le député soupçonne la France d’avoir fondé son opération militaire « sur des témoignages provenant des réseaux sociaux ». Éliane Assassi (PCF) a posé la question au ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, : « Pouvez-vous nous garantir que la source n’émane pas d’autres services de gouvernement ? ». Le ministre a assuré que la France a exposé devant la représentation nationale les éléments ayant motivé la décision de la France de participer à des frappes en Syrie. Il a conclu sur le fait que « ce sont des officiers du régime syrien qui coordonnaient l’emploi de ces armes. » Voir l’intervention de Jean-Yves Le Drian. Accéder à une synthèse d’ensemble de la séance du 16 avril sur la chaîne Public Sénat.

POLOGNE. La Pologne connaît aujourd’hui une nette résurgence du phénomène antisémite, avivée par le vote de la loi du 1er février 2018 niant toute responsabilité de la « nation polonaise » dans la Shoah. Le Monde publie un article sur la situation alarmante dans un pays où certaines recherches récentes ont montré que 51% des Polonais disent ne pas vouloir que leur fille épouse un Juif. Selon la même étude, entre 30% et 40% des interrogés croient, à des degrés divers, en l’existence d’un complot juif (source : Le Monde, 20 avril 2018).

RADIO. Le 16 avril dernier, Frédéric Taddéï consacrait son émission « Europe Soir le débat » à la question des frappes françaises en Syrie, menées en représailles à l’attaque chimique de Douma. Sur le plateau, un dénommé Michel Raimbaud, ambassadeur à la retraite de son état et tenant d’une vision des enjeux moyen-orientaux particulièrement influencée par les thèses conspirationnistes. Conspiracy Watch revient sur ce très contestable choix éditorial.


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